Les idées

Il y a peu, s’immisça dans nos propos, entre amis le nom de «  tonton Georges ». Des paroles élogieuses saluèrent l’illustre sétois. ll est vrai que, nous sommes «  accros » du Maître, mais nous dûmes observer les polémiques qui s’ensuivirent dès la parution de certaines chansons de Brassens dont «  Les deux oncles ».

Il me semblais avoir le texte assez bien en tête. Mais par précaution, je le relus plusieurs fois, pour tenter de déceler ce qui avait bien pu provoquer l’ire de la «  bien-pensance » de 1965. Soit vingt ans après la fin du grand conflit mondial.

Et j’y trouvai, me semble-t-il, l’objet du délit, la cause des ressentiments exprimés à grand bruit. Je cite : » Chacun, pour ses amis (Tommies et Teutons), tous les deux ils sont morts. Moi qui n’aimait personne, eh bien je vis encore ». D’autant que sur le même disque (le 8eme) figure un autre brûlot : «  La tondue ».

Quelques mois plus tard (en1972), l’auteur reprendra pratiquement le même thème dans son texte : « Mourir pour des idées ». Trouvons-nous là une invitation à rester à l’abri des ennuis, à la non implication, au refus de tout risque ? J’en doute ! Surtout lorsqu’on connaît les idées libertaires de Brassens, sa vision de la vie et de la société, sa défense des plus démunis, des plus faibles, des plus opprimés. Et ses attaques portées contre l’étroitesse d’esprit d’une certaine bourgeoisie, l’hypocrisie du système…Sans oublier le << Gorille » (1952-1954), première expression chantée (a ma connaissance) contre la peine de mort.

Non, me semble-t-il, Georges Brassens va au-delà du propos. Il a connu le STO et exècre les idées du système hitlérien. Il préfère simplement ne pas << s’emballer » rapidement sur une idée du moment, aussi novatrice soit-elle. En quoi une telle position limiterait-elle la volonté d’engagement, de résister à quelque forme de pression ? A plus forte raison d’oppression ?

A chacun sa forme de combat. Les armes ou les mots. Et dans ce domaine Georges Brassens se montre visionnaire.

« Qu’au lieu de mettre en joue quelque vague ennemi,

Mieux avant d’attendre un peu qu’on Ie change en ami,

Mieux vaut tourner sept fois sa crosse dans la main,

Mieux vaut toujours remettre une salve à demain »

De Gaulle et Adenauer ne le contredisent pas ….. ..

A une époque où les nationalismes et les replis communautaires ont tendance à s’exacerber, il ne serait peut-être pas mauvais de s’inspirer parfois de la sagesse – où du bon sens, si le terme parait trop fort – de quelques«  anciens ». La collectivité et l’humain progresseraient, à n’en pas douter, sur des voies nettement plus positives. C’est un sentiment qui s’ancre de plus en plus en moi.

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